Présentation
À la Libération, la faculté de droit de Paris a rendu hommage aux morts pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale et le rôle des universitaires résistants a été reconnu par une cérémonie solennelle à la Sorbonne. Aucune allusion n’a été alors faite aux universitaires qui ont rejoint la France libre, comme René Cassin, ni aux membres et étudiant(e)s de la faculté exclus de leurs fonctions ou persécutés en raison de la législation antisémite du régime de Vichy. Pour que l’histoire de la guerre soit « véridique et aussi complète que possible », selon le vœu de René Cassin, cette exposition entend rappeler et analyser ces exclusions et persécutions au sein même de ce qui était la première faculté de droit du monde avec plus de 11 000 étudiant(e)s.
Sur la base des fonds de la bibliothèque Cujas et de documents conservés aux Archives nationales ainsi qu’au Mémorial de la Shoah et aux archives de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’exposition montre comment la législation antisémite a été appliquée à la faculté de droit de Paris, quelles démarches ont été entreprises par les professeurs exclus et quelles formes de résistance se sont développées dans la communauté universitaire. Le destin tragique des étudiants juifs, déportés et assassinés par les nazis (Louise Mayer, Volico Leizerowski, Jacques-André Brack), est rappelé à travers quelques souvenirs, de même que la déportation de très nombreux anciens étudiants de la faculté de droit de Paris. Des documents éclairent également la question de l’antisémitisme au sein de la faculté de droit de Paris, les contraintes de la vie quotidienne sous l’Occupation, l’organisation de la Résistance parmi les enseignants et les étudiants, ainsi que les enquêtes menées dans le cadre de l’épuration à la Libération.
Quatre des professeurs de droit exclus par Vichy (Albert Aftalion, René Cassin, Henri Lévy-Bruhl et Roger Picard) ont été réintégrés dans leurs fonctions à la Libération (le cinquième, Oualid, était mort à Villeneuve-sur-Lot en 1942), mais aucune cérémonie solennelle n’a cherché à réparer le préjudice de la discrimination qu’ils ont subie. La mémoire des étudiants et étudiantes déportés et résistants s’est quelque peu effacée, malgré la reconnaissance du monument aux morts à l’entrée de la rue Saint-Jacques. Quatre-vingts ans après la fin de la guerre, cette exposition se veut une forme de réintégration symbolique de ces victimes dans la mémoire de la faculté de droit de Paris et des universités qui en sont les héritières.